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Chelsea Market : manger à contre-courant

C’est dans l’un des quartiers les plus gentrifiés qu’on trouve un projet qui vise à donner une voix culinaire aux moins fortunés. Eat Offbeat a comme mission de célébrer les saveurs d’un peu partout dans le monde avec, dans les cuisines, des chefs réfugiés.

 

Dès qu’on entre à Chelsea, on le sait. C’est moins chaotique que le reste de Manhattan. L’architecture est différente, dans un mouvement plus art-déco. Le quartier est reconnu comme le centre artistique de la ville. Entre la Hudson à l’ouest, la 14e rue au sud et la 30e rue au nord qui sert de frontière au quartier, il y a plus de 200 galeries qui jonchent les rues de Chelsea. Avec la forte gentrification qui a débuté dans les années 90, l’écart de richesse est apparent entre les édifices luxueux d’un côté de la rue et les logements à loyers modiques de l’autre.

Il y a aussi l’historique Chelsea Market, fraîchement rénové après avoir été racheté par Google il y a quelques années. C’est entre les murs du marché que se trouve Eat Offbeat.

 

« C’est une équipe de réfugiés et d’immigrants avec une passion pour la cuisine», explique simplement Wissam Kahi, co-fondateur de Eat Offbeat.

 

C’est en 2013 que l’idée émerge alors que sa sœur Manal était déçue de l’offre de houmous offerte à New York qui n’était pas comparable à leur Liban natal. Mais depuis, le projet a bien évolué. Eat Offbeat se donne comme mission d’aider des réfugiés et de présenter la cuisine d’ailleurs au New-Yorkais.

 

« On engage des chefs qui sont des réfugiés et ils cuisinent des plats de leur pays comme ils le feraient chez eux», mentionne Wissam Kahi. 

 

Syrie, Népal, Iran, Afghanistan, Sénégal, Sri Lanka. La liste des pays représentés est longue et les saveurs se bousculent dans le restaurant qui s’est donné pied à terre au Chelsea Market depuis quelques années.

 

Eat Offbeat sert aussi de tremplin pour certains chefs. « On a trois chefs qui ont commencé ici et qui ont ensuite ouvert leurs propres restaurants. Ce sont ces histoires- là de succès qu’on cherche.»

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Wassim Kahi, co-fondateur d'Eat Offbeat

Changer le dialogue

 

Pour les chefs qui s’installent dans les cuisines de Eat Offbeat, c’est une occasion de s’intégrer dans la communauté américaine.

 

« Ça bâtit un pont entre eux et les New-Yorkais. Pour les chefs, ça les amène un sentiment de fierté qu’ils peuvent montrer leur culture, mettre en valeur leur capacité culinaire et que les gens de la ville apprécient cela.»

 

Et les bienfaits ne sont pas non plus à sens unique. Pour les gens de New York, ils peuvent découvrir ces cuisines souvent moins représentées dans la ville à travers le talent des chefs

 

Plus que de la nourriture, Wissam Kahi cherche à faire changer le discours qu’il juge parfois négatif par rapport aux réfugiés. « Ça engage la discussion et fait en sorte qu’on voit cette crise des réfugiés sous un autre angle.»

 

Comme quoi la cuisine peut aussi nous faire découvrir plus que des nouvelles saveurs.

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