New York, mosaïque de cuisine
Carte postale de West New York
« No hablo inglés »
On est à West New York, sur l’avenue Bergenline. Contrairement à ce qu'indique le nom du quartier, on n’est pas dans la ville. On est même dans un autre état au New Jersey. C’est là que se trouve notre logement, moins coûteux que sur l'île de Manhattan.
Mais entre les bâtiments à trois étages, on peut voir les gratte-ciel au loin. Même si on est à une heure de transport, le bruit et le chaos constant y sont toujours. Le quartier de West New York est toutefois bien à l’image de la métropole, rempli de gens à la recherche du rêve américain.
«Vote here, Vote aqui.» C’est ce qu’on peut lire sur un conteneur sur la rue principale. Les gens de la région doivent voter dans une élection partielle régionale. Le service est donné majoritairement en espagnol.
Il n’y a presque aucune trace d’anglais. Tout est en espagnol dans ce quartier où convergent Mexicains, Colombiens, Salvadoriens, Guatémaltèques et Argentins. Dans la rue les gens se parlent en espagnol et les rythmes endiablés de reggaeton émanent des voitures. À la caisse du Dunkin Donut, on ne nous comprend pas quand on demande notre café en anglais.
La Bergenline est connue comme la « Havana on the Hudson » en référence à la forte présence de la culture cubaine et en référence à sa proximité avec la rivière qui sert de frontière entre l'île de Manhattan et le New Jersey. Une grande majorité de Cubains ont émigré aux États-Unis au cours du 20e siècle et se sont installés à West New York en quête d’une vie meilleure au niveau économique, politique et social. Au fil des ans, d’autres gens sont venus s’installer dans ce quartier en y créant une mosaïque de culture hispanique.
Les restaurants de quartier sont bien nombreux aussi. Les drapeaux péruviens, vénézuéliens et uruguayens, ornent les façades des magasins qui offrent les plats typiques d’Amérique latine. Dans un restaurant colombien, on doit pointer sur le menu le plat qui nous a été recommandé par des policiers, les seuls à maîtriser la langue de Shakespeare. Notre accent espagnol doit être trop teinté de français.
En discutant avec des travailleurs du Zoni Language Centers, un centre qui propose des cours d’anglais, tous confirment qu’il n’y a pas un seul restaurant qui puisse répondre à des questions en anglais. La Washington Street, dans le quartier d’Hoboken, à environ 6 kilomètres de Bergenline Avenue, est l’endroit qu’on recommande pour découvrir de la cuisine hispanique, mais avec la possibilité d’un service en anglais.
C’est peut-être ça le rêve américain après tout. Vivre à New York, dans de meilleures conditions de vie, mais en communiquant dans sa langue maternelle et en vivant dans sa culture d’origine. West New York, c’est un monde complètement à part où on pourrait se croire dans une ville d’Amérique latine. Les gens ont tout simplement quitté leur pays d’origine dans l’espoir de fuir la violence ou pour trouver ce qu’ils considèrent être une meilleure vie.